Histoire de Floressas : Louis XIV élève Floressas en marquisat


Acte de l'érection de Floressas en Marquisat

Louis par la grâce de Dieu, Roi de France et de Navarre, 
à tous présents et avenir, salut.

Louis XIV (1701) portrait de Hyacinthe Rigaud.
Louis XIV (1701) portrait de Hyacinthe Rigaud.

Bien que la vertu doive être suivie de chacun pour elle-même, et que la gloire des belles actions soit une récompense suffisante aux hommes qui les font, néanmoins les rois, nos prédécesseurs, ont toujours voulu récompenser par des titres d'honneur, ceux qui se sont signalés par leurs services, non seulement en leur personne mais même ils ont attachés à leurs terres et seigneuries, pour donner à la postérité des témoignages de leur vertu de ceux à qui, ils ont fait ces grâces, ce qui engage plusieurs de leurs sujets à les bien servir dans l'espérance de meilleures récompenses, qui leur ayant été accordées, ont inspiré à leurs descendances les mêmes sentiments d'amour pour la gloire, en sorte que, la vertu est devenue comme héréditaire dans les familles par la longue suite des services rendus à l'Etat et des actions recommandables dont les pères ont laissé les exemples à leurs enfants.

Cela se remarque dans la maison de notre cher et bien aimé Gilbert Brachet de Peyrusse chevalier seigneur de Lagorse en Limousin, de Floressas en Quercy, du Maslaurans, Selongettes, des ... (?) en la Haute Marche et autres lieux ; issu d'une des plus anciennes et plus illustres familles de nos provinces de la Marche et du Poitou, dont les ancêtres ont été attachés au service des rois nos prédécesseurs et ont été honorés de leur confiance aux divers emplois importants.

Du temps du roi Charles VI, Jean Brachet seigneur de Peyrusse était chevalier et fut marié avec Marie de Vendôme, en considération dequel mariage et des grands services qu'il avait rendus Jacques de Bourbon comte de la Marche le traitait de son très cher et aimé cousin et lui permit par acte du 17 Juin 1415 de contraindre ses vassaux à faire guet et garde en son château de Montaigu.

Jacques Brachet son fils fut chambellan du roi Charles VII et honoré de sa bienveillance.

Il lui permit d'établir des foires et de construire une forteresse au lieu de Salagnac par ses lettres du 23 Mars 1428 et 13 Septembre 1430.

Mathieu son fils était sénéchal du Limousin commandait les troupes dans toute la province l'année 1405 et rendit des services si importants au roi Louis XI qui lui donna 2000 livres de pension par brevet du 5 Novembre 1483. Joachim Brachet, son petit-fils, fut sénéchal du pays de Rouergue et tous les autres descendants de la famille ont toujours servi dans les armées et fait connaître leur zèle pour ledit service des rois nos prédécesseurs, soutenant l'éclat de leur famille par des alliances considérables notamment celle de la maison de Limoges, Beynac et celle d'Aubusson, plusieurs fois réitérées, celle d'Alègre, de Xaintrailles, de La Tour Landry de Château-Roux et autres plus recommandables maisons des dites provinces.

Le dit Seigneur de Lagorse animé de l'esprit de ses ancêtres dés qu'il a pu porter les armes, s'est mis dans la première compagnie de nos mousquetaires, lors commandée par le sieur d'Artagnan, et nous y a servi pendant sept années.

Il a fait ensuite la campagne de 1667 et en l'année 1672, nous lui avons confié le commandement d'une compagnie de cavalerie, dans notre régiment, où il a continué ses services pendant plusieurs années et a commandé notre régiment en Flandre et Allemagne, en plusieurs occasions importantes et batailles dans lesquelles il a donné des marques de sa valeur et bonne conduite. Mais ayant été attaqué d'une maladie causée par les fatigues qu'il avait souffertes, dont il est demeuré longtemps à se rétablir, il fut obligé de quitter nos armées et, à sa prière nous avons accordé la compagnie qu'il commandait, à son frère, qui nous a servi pendant plusieurs campagnes et a été tué glorieusement à la tête de ladite compagnie.

Dans la suite, le dit seigneur de Lagorse s'est marié avec Dame Catherine Descodeca de Boisse, de l'illustre maison des Pardaillan, dont les ancêtres ont toujours rendu des services importants à nos prédécesseurs.

Notamment son aïeul, lequel après avoir servi notre très honoré seigneur et père de glorieuse mémoire au siège de Montauban en qualité de lieutenant général de ses armées, fut malheureusement assassiné par les religionnaires à Bergerac, dans le temps que notre dit seigneur et père l'avait récompensé du bâton de maréchal de France, qui est le plus grand honneur auquel un sujet puisse être élevé.

Le dit seigneur de Lagorse, excité par tant de bons exemples, sa santé ne permettant pas de suivre nos armées, a néanmoins toujours conservé son affection et icelle pour notre service et nous en a donné des preuves pendant toute la campagne de la dernière guerre. Il a commandé la noblesse de notre province du Quercy en qualité de seigneur de la terre de Floressas et l'a toujours fait à ses dépens et avec beaucoup d'éclat.

En considération desquels services, il nous a très humblement fait supplier pour le maintenir dans l'honneur où sa famille a toujours été de vouloir ériger sa dite terre de Floressas en nom, titre et dignité de marquisat, dont elle peut soutenir la qualité étant une des plus anciennes seigneuries du Quercy, située dans la Sénéchaussée de Lauzerte relevant de nous, avec tout droit de haute, moyenne et basse justice, de l'étendue de plus de deux lieues, du dit lieu dont le chef-lieu est un gros bourg avec un beau château et plus de quarante villages, dans lesquels il a cens rentes rachat doubles aux mutations, trois moulins banaux, droit d'avoir un moulin sur la rivière du Lot de laquelle il est seigneur ;

sur l'étendue de sa dite terre : plusieurs beaux domaines, nobles fiefs, droits honorifiques des églises et autres droits qui composent un revenu considérable et lui permettre pour le bien et utilité de ses vassaux d'établir au bourg de floressas, quatre foires par an : l'une, le lendemain de la fête des rois, 7 Janvier ; la deuxième, le jour de la Sainte Croix, 3 du mois de Mai ; la troisième, le lendemain de la fête de Saint Louis, 26 Août et la quatrième, le lendemain de la Saint Martin, 12 de Novembre. Plus un marché tous les mardis de chaque semaine et de lui accorder nos lettres sur ce nécessaires.

A ces causes, voulant donner au dit sieur Gilbert Brachet de Peyrusse de la Gorse, des marques de notre bienveillance par un titre d'honneur, qui puisse faire connaître à la postérité, l'estime que nous faisons de sa personne, nous avons crée, érigé et élevé décoré et de notre grâce spéciale pleine puissance et autorité royale, ces présentes, signées de notre main, ladite terre et seigneurie de Floressac, circonstances et dépendances en nom titre et dignité de marquisat pour en jouir par lui, ses enfants et postérité mâle mais en légitime mariage au dit nom, titre et dignité de marquisat de Floressac voulons et nous plaît qu'ils se puissent dire, nommer et qualifier marquis tant en jugement que dehors, qu'ils jouissent de pareils honneurs, droits d'armes, blasons, autorité prérogative en fait de guerre, assemblées d'états, de noblesse et autrement tant ainsi que les autres marquis de notre royaume et province de Quercy, encore qu'ils ne soient ici particulièrement spécifiés, que tous les vassaux, arrière-vassaux et autres tenant noblement ou en roture du dit marquisat de Floressac les reconnaissent pour marquis, fassent leur foi et hommage, baillent leur aveux, dénombrement et déclarations, le cas y échéant sous le nom de marquis de Floressac et les officiers exerçant la justice d'icelui instituent leurs sentences et jugements sous le même nom et titre de marquisat sans toutefois aucune mutation ni aucun changement de ressort, de mouvance, contrevenir aux cas royaux dont la jurisdiction appartient à nos baillis et sénéchaux su que pour raison de changement de titre, le dit sieur Floressac et ses enfants soient tenus envers nous, sur leurs vassaux et tenanciers envers eux à autres ni plus grands droits que ceux qu'ils doivent à présent ;

à la charge de relever de nous a une seule foi et hommage, droits et devoirs accoutumés sans aussi déroger ni préjudicier aux droits et devoirs, si aucuns étaient dus à autres qu'à nous, ni qu'à défaut d'hoirs mâles nés en légitime mariage, nous puissions ni nos successeurs rois prétendre la dite terre Floressac être réunie à notre domaine en vertu de l'édit de 1566, auquel édit et aux précédents et subséquents des années 1581 et 1582, nous avons dérogé et dérogeons par ces présentes.

Mais en ce cas, la dite terre retournera en son premier état et titre, ainsi qu'elle était avant la première érection.

Et pour plus grande décoration de la dite terre, nous, de nos mêmes grâces et autorité que dessus avons crée et établi, créons et établissons par ces présentes au dit bourg de Floressac un marché tous les mardis de chaque semaine et quatre foires, par chacun an, pour être tenues à perpétuité, le lendemain de la fête des Rois 7 Janvier, le jour de la Ste Croix 3 Mai, le lendemain de la fête de St Louis 26 Août, le lendemain de la St Martin 12 Novembre, auxquelles foires et marchés nous voulons que tous marchands et autres puissent aller et venir, y séjourner, vendre et débiter, troquer et échanger toutes sortes de marchandises licites et permises sous les privilèges, franchises et liberté, des autres foires et marchés de la dite province, permettons au dit Floressac de faire bâtir halles, bancs, boutiques et étaux pour le couvert et sûreté des marchands et de leurs marchandises et percevoir les droits qui seront pour cela, suivant les us et coutumes des lieux circonvoisins pourvu toutefois qu'à quatre lieues à la ronde il n'y ait es dits jours autre foire et marché auxquels les présents puissent préjudicier et qu'elles n'échoient aux jours de dimanches et de fêtes solennelles auquel cas, elles seront remises au lendemain et sans qu'on puisse prétendre aucune franchise ni exemption de nos droits.

Si donnons en mandement, à nos armées et féaux conseillers les gens tenant notre cour de Parlement de Toulouse et chambre de nos comptes à Paris, président trésorier de France, au bureau de nos finances à Montauban, sénéchal du Quercy où son lieutenant au siège de Lauzerte, et autres de nos officiers qu'il appartiendra que nos présentes lettres d'érection ils fassent et régistrer, lire et publier, garder et observer et de tout le contenu en icelles jouir et user pleinement paisiblement et perpétuellement le dit Brachet de Peyrusse de La Gorse ses hoirs et ses successeurs mâles, ensemble les vassaux relevant du dit marquisat cessant et faisant cesser tout trouble et empêchement à ce contraire car tel est notre plaisir, nonobstant tous édits et ordonnances même celle du mois de Juillet 1566 et autre portant réunion à notre domaine des duchés, comtes, marquisats et autres dignités à défaut d'hoirs mâles, lois, statuts, arrêts, constitution, coutumes, mandements, restrictions ou défenses contraires auxquelles ensemble dérogatoire y contenues, nous avons par ces présentes pour cette fois dérogé et dérogeons et afin que ce soit chose ferme et établie à toujours, nous avons fait mettre notre scel à ces présentes.

Donné à Fontainebleau, au mois de Septembre 
l'an de grâce 1704 de notre règne le soixante deuxième.

 

Louis XIV


Un acte, qui ne fut finalement enregistré que... le 28 août 1783 !

Peu avant la révolution....

En effet, si tel fut le "bon plaisir du Roy"... l'administration, déjà, ne perdait pas de de vue les finances !

 

Le 14 Mars 1705,

"La Chambre des Comptes prescrit une enquête pour savoir le revenu actuel du domaine seigneurial de Floressas, si ce revenu est suffisant pour entretenir les noms, titres et état de Marquisat savoir si les habitants et sujets de Floressas et les voisins d'iceux ont intérêt ou dommage en ladite érection s'il est profitable au roi et au bien public du dit pays qu'au lieu de Floressas soient établis les dits marchés et foire."

(source : monographie de Floressas Abbé Relhié)

Ce n'est que le 7 octobre 1722, que le Procès Verbal pour l'érection en Marquisat de Floressas est signé par Pierre, MARTIN, qui écrit :

 

"1722 - 7 octobre. - Procès Verbal pour l'érection de Floressas en marquisat.

 

 

Nous, Pierre, MARTIN, conseiller du Roi, lieutenant et magistrat en la présente juridiction de Montcabrier, commissaire député par les lettres patentes de la Chambre des Comptes du 14 novembre 1705 à nous adressées pour vérification des faits contenus en icelle.

Sergent royal d'infanterie vers 1736
Sergent royal d'infanterie vers 1736

 

 

Nous nous serions transportés jusqu'à deux fois dans le bourg de Floressas, et, étant au milieu de la place, nous aurions donné à entendre à tous les habitants le contenu aux dites lettres afin que personne ne l'ignorât et qu'un chacun put venir dire ses raisons et former des oppositions à l'enregistrement des dites lettres patentes s'il en avait à proposer au dit MARTIN dans la maison du Sieur Bonnet greffier de la commission chargé d'écrire tout ce qui lui serait représenté tant par les dits habitants de Floressac qu'autres du voisinage, et par ce qu'il ne suffisait pas de faire seulement la proclamation dans le lieu de Floressas et ses dépendances, nous avons chargé le nommé Pierre Gimbal, sergent royal, de se transporter dans tous les lieux voisins à l'issue des messes paroissiales ou des vêpres pour faire les proclamations requises et nécessaires et même des Actes à MM. du domaine du Roi à Montauban pour leur déclarer que sa Majesté avait érigé la dite terre de Floressas en marquisat et que s'il y avait quelque raison à opposer, ils n'avaient qu'à l'envoyer au Sieur Bonnet, sans que jusqu'à ce jour, personne se soit présenté par devant nous, ni le dit Bonnet pour former aucune opposition.

 

 

Ainsi ladite Chambre des Comptes peut à présent, si bon lui semble, procéder à l'enregistrement  des dites lettres portant l'érection de la terre de Floressas en marquisat

 

7 octobre 1722 - MARTIN Commissaire 

 

Mais la Cambre des Comptes n'enregistra pas encore les lettres érigeant les terres de Floressas en marquisat. sur requête de Madame Anne Nicole Dangé (?) veuve de Gilbert Claude de Brachet, une nouvelle enquête est ordonnée le 21 mars 1783.

Les conclusions furent les mêmes qu'en 1722.

Aussi trouvons-nous à la date du 28 août 1783 :

 

"Enregistrées en la chambre des comptes ouï le procureur général du roi pour jouir par les enfants dudit défunt Gilbert Brachet de Peyrusse et leur postérité mâle né et à naître en légitime mariage, seigneurs et propriétaires dudit marquisat de Floressas, de l'effet contenu en icelles suivant et aux charges portées par l'arrêt de la Chambre, sur ce, fait le 28 août 1783 - Mariolan"

 

 

Qui a dit que notre administration actuelle était tatillonne, lourde et longue ?

Infanterie sous Louis XIV par par Paul Lehugeur, XIX° siècle (sources : www.histoire-fr.com
Infanterie sous Louis XIV par par Paul Lehugeur, XIX° siècle (sources : www.histoire-fr.com