Histoire : Floressas, possibles étymologies


Hypothèse "romaine" de l'abbé Relhié 

L'abbé écrit que le nom de Floressas a eu diverses orthographes : il pensait qu'il pouvait venir du prénom latin Florentius (Florent).

Autres nom du village tels qu'orthographiés sur divers documents anciens :

 

Floressac, 

Flouressac, 

Flouressas (texte de 1666) 

Flourensac, 

Florensas (texte de 1369)

Florenzano, (texte de 1503)

Floressano (texte de 1355), 

 

Florenzanis...

"Dans un mandat ordonné par le Comte d'Armagnac à Agen en l355, je trouve FLORESSANO

Dans une quittance de Juillet 1369, "Beynac senhur de FLORENSAS",

Dans une autre quittance, FLORENSAC,

Dans un acte passé à Marmande en Octobre 1342 entre le Roi de France et l'Evêque de Cahors concernant la délimitation de ses biens, je trouve la forme actuelle du nom en latin (usque ad iter quo tenditur a Sancto Joanne apud FLORESSAS) : jusqu'au chemin qui va de St Jean à FLORESSAS.

Dans une bulle du Pape Martin V, on trouve FLORESSANO, dans d'autres documents de 1330 : FLORENZANIS, de 1503 : FLORENZANO,

Sur le cadastre fait par ordre de Louis XIV en 1666, on lit : Cadastre de FLOURESSAS,

Monsieur le Marquis de FLORESSAS, descendant de la famille seigneuriale de FLORESSAS signe Marquis de FLORESSAC : la terminaison en "ac" serait plus conforme au dialecte quercinois où les noms en "ac" abondent.

 

L'usage a prévalu : nous devons dire et écrire FLORESSAS."[…]

 

"Monsieur l'Abbé LACOSTE, dans son livre "Origine des noms de lieux du Quercy" (page 292), nous donne cette explication du nom de FLORESSAS : la terminaison féminine de la première déclinaison latine avait disparu des noms communs dans notre dialecte patois et s'était transformée en "o" : 

rosa - roso ; fémina ; fenno ;

 

La Flouressas serait donc pour lui la terre de Florentius (Florentias)

Florentius est un dérivé de FIorens, prénom romain.

Le "s" final indique un pluriel."

 

(Extraits de la monographie de Floressas - Abbé RELHiE)

On retrouve la même hypothèse dans le livre "Villes & Villages en pays lotois" de Jean-Marie Cassagne et Mariola Korsak, Collection : Toponymie, Editions Tertium (édition de 2013).

 

Pour les auteurs FLORESSAS viendrait de FLORENTIANUM ( = domaine de Florentius)

Deuxième hypothèse : origine gauloise

La terminaison en "AS" de FLORESSAS pourrait provenir du suffixe ATIS.

Ce suffixe est d'origine gauloise et s'ajoute à des noms gaulois, latins ou plus récemment barbares, et forme alors des noms de lieux se terminant en AS.


Ainsi on pourrait avoir FLORESSAS formé sur le latin FLORUS.

Toutefois les autres graphies (cf. ci-dessus) laissent planer le doute sur cette origine du nom avec d'autres possibilités de formation du nom avec croisement et ajout de suffixes tels que ACUM (Florensac), une forme en ANUM (Florensano)...

Sources : "Toponymie Lotoise, A la découverte des noms de lieux du Quercy et des Communes du Lot" de Gaston Bazalgues, aus Editions de la Bouriane et du Quercy - 2002 - page 43

Carte des tribus gauloises
Carte des tribus gauloises

3ème hypothèse : Pline l'Ancien, la vigne & le vin...?

Le nom de Floressas pourrait être directement lié à la vigne puisque Pline l'Ancien, (23 après JC à 79 après JC), dans son "Histoire Naturelle" (livre XIV, chapitre IV § III), désignait sous le nom de "florentia" une espèce particulière d'encépagement, une "vigne florentine", un "plant de vigne". 

Ainsi l'on peut imaginer que l'on aurait pu nommer un terroir gallo-romain, largement planté en cépage de "vigne florentine".

Peut-être un vignoble implanté par une occupation gallo-romaine dont on retrouve la trace dans le village voisin Le Boulvé (présence attestée d'une villa gallo-romaine) ?


Pline l'Ancien (Gaius Plinius Secundus) ou Pline le Second, mentionne également le raisin Florentius, dans son "Histoire du Monde"

L' histoire du monde de C. Pline Second (Pline l'Ancien)
L' histoire du monde de C. Pline Second (Pline l'Ancien)

Jusqu'ici nous avons traité de la diversité des plants de vignes, selon leurs espèces : maintenant nous en parlerons selon le naturel qu'ils acquièrent des (és) terroirs  et (&) régions qui leur sont propres et (&) naturelles, ou bien les lieux où ils sont replantés. En premier lieu, les raisins Tode et (&) Florentius (lesquels prennent (prindrent) leur nom à Florence) sont les meillers de Toscane. A Arezzo, on ne fait état que des raisins Talpa-  [...]

Quatrième hypothèse : poétique....

Cette hypothèse est avancée par M Paul MONCEAUX (membre de l'Académie des Incriptions et Belles Lettres 1919 - Volume 63 Numéro 3 pp. 216-219) à la lumière de différents textes latins.

Il affirme que le mot "florentia" (et non florentias puisque le pluriel est neutre ce qui exclue l'hypothèse du terroir planté en cépage "florentin") serait à traduire par "la couronne de fleurs" (usité au Ve siècle).

 

Ce nom aurait été donné, depuis la route (actuelle D28) circulant au bas de Floressas le long du ruisseau de St Matré, d'où les maisons et le château de Floressas, ses murs légèrement ocres et ses toits de tuiles roses apparaissent couronnant la crête de couleurs claires... L'image est belle et poétique... sans doute trop belle pour être vraie !

5ème hypothèse : Toponymie & Vieux Francique

L'hypothèse la plus sérieuse nous vient de M. Alain MAIGNIAL (toponymiste amateur, atypique... et passionné).

Il pense que ce nom pourrait indiquer un endroit difficile voire dangereux à franchir en raison de la présence d'une zone de sable humide voire marcageuse. 

Une origine qui pourrait remonter en un temps où ce lieu n'aurait alors été connu que comme dangereux à cause de ses marécages qui rendaient difficile la traversée d'une vallée par un itinéraire ancien : un temps où l'occupation de ce qui est l'actuel village de Floressas n'avait pas encore de nom... à l'époque des Capétiens, voire des Carolingiens... et pourquoi pas des Mérovingiens

L'expansion franque (d'après Lucien Musset)
L'expansion franque (d'après Lucien Musset)

Il est en effet intéressant de noter que l'abbé Relhié, dans sa monographie, fait mention de sarcophages de pierres, contenant ossements et monnaies, trouvés par M. LOUSSERT Gabriel (fin XIXe ou début XXe) lors de l'aménagement de son jardin, dans la partie basse de Floressas (la plus anciennement occupée semble-t-il) en bordure de l'ancien chemin nommé "de Floressas au Roussenq".

sarcophages mérovingiens
sarcophages mérovingiens

 Les sarcophages taillés dans la pierre, ont été usités entre le Ve et le VIIIe, époque où ils furent remplacés par des sarcophages en bois, puis à partir du XIVe en plomb.

 

Cette découverte pourrait laisser envisager une occupation mérovingienne depuis le haut de la crête, sur la pente, vers le ruisseau de St Matré et l'ancien moulin du Roussenq (alors inexistant).

Des "fontaines" et puits sont établies sur cette pente expliquant aussi cette possible occupation.

 

Pour M. A. Maignial la racine FLO (vieux francique) renverrait à la notion d'aquifère, tandis que la racine REN (que l'on retrouve dans le latin aRENa = sable) renvoie à la notion de sable. Le S y ajoute une notion de danger. On retrouve ce type de lieu dans d'autres villages portant des noms de racines semblables à Floressas : ce sont des sablières comme à Florensac (34) au lieu-dit "Les Arenasses", à Florentin et Saint Florent, certaines toujours en activité, d'autres abandonnées depuis des siècles ; d'autres, comme Flourens (31) étaient, naguère, avant la création d'un lac, des zones humides naturelles, de nature sableuse et marécageuse.

 

Et quelle autre vallée que celle du ruisseau de Saint Matré pourrait se prêter à cette définition ?

Street View (©Google maps)
Street View (©Google maps)

En effet, près de l'ancien moulin du Roussenq, les terres à cet endroit sont sablonneuses, souvent gorgées d'eau et couvertes de plantes des marais (joncs, carex et notamment des fritillaires pintades (fritillaria meleagris) plantes typiquement indicatrices de milieux humides).

Fritillaire pintade poussant sur la sagne du Roussenq 2007©A-M Uyttenbroeck
Fritillaire pintade poussant sur la sagne du Roussenq 2007©A-M Uyttenbroeck

On note également la dénomination de "la Sagne" sur ce versant (dont la fontaine dite de "La Sagne") : or une sagne désigne une tourbière et/ou la végétation typique des marécages.

L'on sait également, que la D 58 est l'ancien tracé de la route qui reliait Puy-l'Evêque à Montcuq (selon un axe nord-ouest/sud-est), route que l'on retrouve sur les cartes de Cassini (18ème). Cette route devait elle-même suivre le tracé d'une route bien plus ancienne.

Carte de Cassini
Carte de Cassini

Au XVIIIe siècle, Les cartes de Cassini, indique que Floressas se trouve sur la ROUTE allant de Puy-l'Evêque à Montcuq.

Carte de Cassini
Carte de Cassini

Cette seule et unique route passe par Issudel (noté : Ißoudelpuis monte vers Lafaurie (La Faurie), en direction de Lagard Haute (Lagart), elle passe derrière Réces (Reßes)... passe par Malagare et Vayres (non indiqué sur la carte) avant de rejoindre Floressas (Floreßas)

 

Aucune route ne suit la rivère Lot sur sa rive gauche (pas de route passant par Grézels, ni Pescadoires, Lagardelle etc).

Une autre route remonte du Port de Vire (sur Lot) vers Lacapelle.


Écrire commentaire

Commentaires: 0